SE RECONVERTIR QUAND ON EST NEURO-ATYPIQUE

Encore un article sur les personnes neuro-atypiques vous dîtes-vous ! Et vous avez raison, il y en beaucoup. Et en même temps, combien de préjugés est-ce que j’entends sur la reconversion de personnes neuro-atypiques ! 

Une bonne raison pour moi de rédiger cet article aujourd’hui.

Oui, il y a de très belles reconversions de personnes neuro-atypiques ! Oui, il y a de très belles réussites professionnelles, épanouissantes et pleines de sens.

Pour autant, il est intéressant de prendre le temps de se questionner sur ses forces et ses points de vigilance. Et il est primordial de penser dès le départ son profil de poste. Et si comme un DRH crée un profil de poste, vous définissiez votre profil idéal !

Pourquoi ? Où ? Avec qui (dirigeants, collègues…) ? Quand ? Comment ? etc…

Une recherche de sens

La bonne nouvelle du moment, c’est que vous n’êtes plus seul à rechercher davantage de sens. 

Tout d’abord, les jeunes générations Y et Z partagent avec vous cette quête. Ensuite, le COVID a changé les mentalités. Et des phénomènes comme la grande démission aux USA et maintenant en Europe le démontrent.

Les entreprises sont donc obligées aujourd’hui de définir une raison d’être. La presse économique ne parle que de cela. Alors, gadget ou réalité. Je suis convaincu pour ma part que les entreprises n’ont plus le choix.

 Enfin, les entreprises engagées dans une démarche de RSE sont 13% plus rentables que les autres, selon France Stratégie.

D’abord, elles ont pour enjeu de recruter, motiver et retenir les collaborateurs talentueux

Ensuite, les entreprises qui ont défini leur « Why » traversent bien mieux les crises.

 Enfin, les entreprises engagées dans une démarche de RSE sont 13% plus rentables que les autres, selon France Stratégie.

OK, ceci étant dit. Et vous, quelles sont vos valeurs, vos aspirations profondes ? Et sont-elles conformes à celle des entreprises dans lesquelles vous postulez ?

L'ennui au travail : un calvaire pour le neuro-atypique

Le neuro-atypique ne supporte pas l’ennui. Il est extrêmement curieux et en quête de nouveauté, de diversité. Il n’y a rien de pire que la routine pour laisser se flétrir sa motivation.

C’est pourquoi, il est parfois considéré comme instable. Car il faut qu’il soit stimulé régulièrement. Le danger est donc d’avoir fait le tour rapidement du poste… et de s’y ennuyer. Et cela arrive s’il a le sentiment de ne plus rien avoir à apprendre.  

Et il est important de le voir, car cela peut avoir de graves conséquences :  

Pour lui d’une part. Car en effet, les risques de faire un bore-out (ennui ou travail) ou un burnout en se surinvestissant sont réels. Et pour son entreprise aussi.

Et pour son entreprise aussi.

Et le fait de démissionner n’est pas non plus une solution. Il est donc essentiel de trouver un poste apte à nourrir ce besoin de diversité.

Il n’y a pas de fatalité. Il faut juste trouver le bon poste dans la bonne entreprise…avec le bon manager.

Pour autant, cela peut marcher dans de nombreux cas.

Si je prends mon propre cas, j’étais force de proposition dans de nombreux postes salariés. Je proposais sans cesse de nouveaux projets, des améliorations, des process. Et mon PDG en était ravi. Cela me nourrissait et servait pleinement les intérêts de l’entreprise.

J’ai également rencontré des personnes qui ont su élargir leurs prérogatives. Je me souviens par exemple d’Anne. Elle travaillait dans la formation en tant qu’assistante. Elle a convaincu sa hiérarchie de l’associer au projet qualité. Elle a également repensé l’intégration des nouveaux intervenants. Elle a donc travaillé avec le responsable pédagogique sur un programme de micro-formation et un nouveau livret d’accueil. Elle a également travaillé avec le dirigeant sur de nouveaux process…

D’autres trouvent dans leur propre mission une diversité des tâches. Isabelle par exemple travaille dans la banque en tant que conseillère. Elle trouve génial de se former à une variété de produits financiers et d’assurance. Elle aime également le côté humain des relations clientèle.

Une hypersensibilité souvent mal comprise

La neuro-atypie s’accompagne souvent d’une hypersensibilité. Les personnes hypersensibles sont souvent perturbées par l’agitation de leur environnement de travail. Qu’ils s’agissent des sons, des bruits, des lumières, des senteurs…

Elles disposent « d’antennes » qui les rend sensible à des choses, émotions et sensations… imperceptibles pour les autres. Elles sont généralement capables d’une grande empathie et d’une écoute réelle.

Dans le cadre d’une reconversion, cela constitue une habileté extraordinaire. Une grande force ! Tout d’abord, cette hypersensibilité vous apporte une grande acuité. Elle vous permet de déceler ce que peu de gens peuvent percevoir de leur environnement. Elle vous apporte également une intuition exceptionnelle, propice à la créativité. Et elle fait de vous des êtres d’une empathie et d’une écoute exceptionnelles.

Et en même temps, cela vous amène à être attentif à des points de vigilance. Et du coup, à bien choisir parmi les opportunités. Tout d’abord, l’environnement de travail est déterminant. Si vous êtes très sensible au bruit, tout emploi dans un open-space sera très compliqué. De même, si vous êtes assez émotif, un poste d’aiguilleur de l’air sera difficile pour vous.

Une relation difficile à l'autorité

La relation avec l’autorité est parfois compliquée. Et évidemment, dans une relation hiérarchique, cela peut poser des problèmes importants. Alors oui, les mentalités des entreprises évoluent. Mais pour autant, le modèle directif reste encore bien souvent présent.

Et lorsqu’on bouscule l’ordre établi, cela peut créer des tensions avec sa hiérarchie.

Par exemple, en 2007, j’étais directeur commercial d’une entreprise. Nous travaillions avec des revendeurs. Or, l’un des revendeurs avait une manière de travailler peu qualitative et peu éthique. Je décide donc de le blacklister. L’un de mes collaborateurs me court-circuite et va voir le PDG. Ce dernier lui donne raison en m’expliquant qu’on a toujours fait comme cela… et que même s’il travaille mal, ce dernier fait du chiffre.

S’ajoute à cela des difficultés à expliquer des décisions souvent intuitives. Dans un monde où le process et la science sont sanctifiés, c’est souvent compliqué.

De plus, les valeurs d’une personne neuro-atypique vont souvent à l’encontre d’une pure logique de profit. Cela peut ici encore créer des tensions.

Le choix de l’entreprise et du dirigeant est donc presque aussi important que le poste lui-même. 

Une authenticité pas toujours appréciée

Comme dans la cour de Louis XIV, un dirigeant a des courtisans. Et les promotions sont parfois davantage liée à ce « statut » qu’au talent, au résultat. Ainsi, Thomas d’Ansembourg prend cet exemple dans une conférence. D’un côté, il y a celui qui a un rythme doux. Il a de l’humour et crée du lien dans l’entreprise. De l’autre, celui qui joue le rôle du cadre dynamique pressé, hyperactif. Le premier peut réaliser des performances supérieures. Dans bien des cas, c’est le second qui sera promu. Il est plus conforme à l’image qu’on a du cadre dans la culture d’entreprise. Et ceci quand bien même il serait moins compétent.

Ici encore, il sera important de choisir au-delà du poste. Le manager et les valeurs de l’entreprise seront prépondérantes.

Donc, il faut bien penser à son poste idéal

De nombreuses personnes, neuro-atypiques ou pas d’ailleurs, démissionnent. Elles ne supportent plus leur travail : leur hiérarchie, son environnement, leurs collègues, les valeurs…

Et souvent, elles retrouvent les mêmes difficultés dans des postes ultérieurs.

Se poser les bonnes questions permet d’éviter ce genre d’écueil : 

Qu’est-ce que je ne supporte plus de mon ancien poste ? 

Et si je devais changer quelque chose qui le rendrait agréable, ce serait quoi ?

Et comme nous l’avons vu précédemment, questionnez-vous sur ce qui est important pour vous ! Vos valeurs, vos aspirations, vos engagements, vos passions, les choses qui vous font du bien.

Et s’il devait y avoir un poste dans une entreprise qui les rejoint, quel serait-il ?

Entreprendre pour être libre : une solution ?

En tant que Zèbre, je me disais souvent que mon n+1 manquait de vision. Je ne me sentais pas libre et je trouvais que la stratégie était perfectible. OK. Du coup, je me suis libéré de la hiérarchie en devenant entrepreneur.

J’en suis ravi, cela fait maintenant 13 ans que je jouis de cette liberté. Mais, pour autant, il est important de se poser les bonnes questions en tant que neuro-atypique. Car entreprendre s’accompagne d’incertitudes financières, de frustrations et de déception parfois. Et cela demande également la capacité de gérer l’administratif. Cela parfois peut faire peur ou provoquer de l’ennui.

D’autre part, c’est aussi une activité qui demande beaucoup… de temps, d’énergie, de détermination. Il est important de se demander si nous sommes prêts à cela. Et si nos proches le sont : nos conjoints, enfants…

En conclusion, se reconvertir en tant que personne neuro-atypique peut fonctionner très bien. Pour autant, il convient de bien penser le poste, l’entreprise et le style de management. Sans cela, les lendemains risquent de déchanter…

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